lundi 16 novembre 2015

Compte-rendu du 3 novembre



Compte-rendu du mardi 3 novembre 2015

   Nous commençâmes nos trois heures de Théâtre par un échauffement collectif d’environ une heure.  Nous nous sommes mis en cercle et, en silence, nous avons respiré ventralement pendant quelques minutes. Bien que cet exercice soit simple, il est essentiel pour se recentrer et pour canaliser son énergie. Nous avons ensuite baillé à nous en décrocher la mâchoire tout en nous étirant, pour détendre nos muscles. Nous avons tendu notre corps le plus verticalement possible, avant de tout lâcher en retombant en avant. Nous fîmes cet exercice deux fois : la première fois nous nous sommes relevés en dix secondes, la fois suivante en vingt secondes.
   Une fois nos corps dans de bonnes conditions pour travailler, nous nous sommes frottés énergiquement afin de nous dynamiser. Lorsque nos mains sont arrivées au niveau du visage, elles ont massé nos joues pendant que nous articulions « N-u-a-g-e ». Après le traditionnel « Hia ! », jeu d’énergie où nous nous faisons passer une vague auquel tiennent nombre d’entre nous, nous avons ajouté à notre routine un exercice proposé par notre intervenant Pierre Ficheux la semaine précédente. A tour de rôles, nous associions un geste le plus large possible à un son en ouvrant le plus possible la mâchoire. Cet exercice s’inscrivait dans la continuité de mise en énergie, mais nous l’avons fait en riant.
   Pour regagner notre concentration, nous avons resserré le cercle pour installer un courant. Si habituellement nous sommes capables de faire passer une pression sur la main de notre voisin en quatre secondes, ce mardi nous avons réussi du premier coup à ne faire que trois secondes. Nous ne nous sommes donc pas appesantis sur cet exercice et avons poursuivi avec le jeu des couleurs. Pour ce faire, un membre du cercle envoie une balle imaginaire à la personne de son choix en l’associant à une couleur. Celle-ci la réceptionne, en répétant ladite teinte et en la renvoyant à qui elle veut, en donnant une nouvelle couleur etc. Cet exercice me stresse énormément, j’ai si peur de ne pas être assez réactive que j’en viens, par exemple, à dire « gris » alors que les couleurs imposées sont rouge, vert, bleu et jaune. Je dois pourtant avouer qu’il est le plus efficace que je connaisse pour se concentrer et pour renforcer la complicité d’une troupe.
   La suite de l’échauffement fut particulièrement vocale ce jour-ci. Pour commencer tout en douceur, nous avons fait un crescendo de rires pour sortir la voix, puis nous avons fait la même chose avec des pleurs. Je me suis trouvée dernière à passer, ce qui m’a permis de crier et d’échauffer mes cordes vocales. Apolline s’est portée volontaire pour prendre en main les vocalises. Elle nous fit répéter « Zahozahozahozahoza » de plus en plus aigu, jusqu’à passer en voix de tête. Afin que les garçons puissent également profiter de l’exercice, Jean-Baptiste effectua le même exercice mais en descendant de plus en plus dans les graves.
   Marie-Pierre nous fit réécouter le Largo Factotum pour nous le remettre en mémoire, puis nous l’avons travaillé. Nous avons commencé par le début, que nous connaissions, puis nous avons avancé dans la chanson jusqu’à arriver à « Per un barbiere di qualita, di qualita ». Une fois qu’elle estima que nous avions suffisamment entraîné nos voies, nous nous sommes mis par deux. L’un était Figaro qui taillait la barbe, l’autre le client. Il m’a paru difficile de trouver des gestes qui me semblaient réalistes tout en les exagérant, étant une femme j’ignore absolument comment raser une barbe… Mais lorsque notre professeur nous demanda de poursuivre notre exercice sur la musique, les gestes venaient beaucoup plus facilement. Nous libérâmes notre camarade et continuâmes l’exercice en marchant dans l’espace. Je n’ai pas réussi à avoir des gestes précis, avoir un support physique aidant beaucoup dans la netteté des coups de ciseaux imaginaires. Marie-Pierre nous conseilla de visionner des extraits du  Dictateur, de Charlie Chaplin pour nous donner une idée du travail de barbier.
   Après la pause, elle nous proposa une distribution de rôles, puis elle nous donna une scène à travailler pendant une demi-heure. J’ai appris qu’elle m’imaginait dans le Figaro du Barbier de Séville. C’est la pièce que je connaissais le moins, aussi étais-je un peu perdue quant à la vision que j’avais de Figaro. Je me suis notamment demandé quelle était sa vie sentimentale avant la trilogie de Beaumarchais… Avait-il déjà aimé une femme, par exemple ?
   Elle donna le personnage du Comte de la première pièce à Douglas. Nous allâmes dans les loges pour travailler la scène d’exposition, entre nos deux hommes. Après un an de séparation, Figaro et le Comte se retrouvent par hasard, alors que ce dernier est en train d’espionner une femme : Rosine. Douglas avait déjà eu l’occasion de réfléchir à cette rencontre lors d’improvisations. Il imaginait un Comte hautain, dédaigneux, qui se sert de Figaro car « deux hommes qui jasent sont moins suspects qu’un seul qui se promène ». Pour prendre le contrepied, j’ai opté pour un Figaro plus souple dans son corps, avec une voix plus malicieuse. Malicieux. Ce mot est pour l’instant ma ligne de conduite, il définit l’image que j’ai désormais de ce personnage qui a toujours le dernier mot.
   Lorsque le temps fut écoulé, nous nous rassîmes pour voir le travail des autres. Le premier groupe fut celui de la scène d’exposition du Mariage de Figaro, lorsque celui-ci mesure la chambre et que Suzanne lui apprend que le Comte veut le faire cocu. Jean-Baptiste jouait Figaro et Manon interprétait Suzanne. J’ai trouvé leur jeu très harmonieux, tous deux se tenaient très droits et avaient un air digne qu’on retrouve habituellement plus chez les nobles que chez les valets. Jean-Baptiste a développé le côté amoureux de Figaro, il n’avait d’yeux que pour sa fiancée. Celle-ci paraissait très insouciante, innocente avec son bouquet virginal. Elle effectua une rupture, en devenant presque agressive lorsqu’elle apprit qu’ils dormiraient dans cette chambre, à deux pas de celle du Comte.
   Pour expliquer à Figaro comment elle avait appris les intentions du Comte, des personnages surgirent de derrière le piano pour l’illustrer : Le Comte (Séléna), Suzanne (Cécile) et Bazile (Lorette). L’enchaînement m’a semblé fluide, intégrer une rétrospective est un judicieux moyen de superposer deux scènes. Les trois nouveaux arrivants jouaient donc leur scène, puis repartaient pour laisser la place à la scène d’exposition.

Comte, Suzanne, Bazile

 PIANO
                                                               
Figaro                                                                                                                                                                             Suzanne
                                                               


→ : déplacement des personnages lors de la superposition des scènes
   Nous vîmes une autre scène du Mariage de Figaro. On y voyait Suzanne (Tiephane) et la Comtesse (Kerene). Lors de cette discussion, Suzanne révèle à sa maîtresse que son mari projette de la tromper avec elle. Tiephane et Kerene ont réécrit la scène, plutôt que Suzanne parle librement à la Comtesse de ce sujet, elles ont préféré la faire gaffer. Cela ajoutait du comique à la situation.
   Deux scènes de Figaro Divorce ont achevé la séance. La première était entre Suzanne, jouée par Suzanne et Figaro, joué par Anton. Figaro explose de rage devant sa femme et l’incite à partir à Grand-Bisbille, pour reprendre un salon de coiffure. Dans l’interprétation proposée, Suzanne avait vraiment l’air de profiter du moment présent, alors que Figaro était complètement torturé. J’étais loin d’imaginer un Figaro aussi proche des portes de la folie, le jeu d’Anton m’a surprise et m’a fait revoir ma conception de ce personnage.
   Enfin, la dernière scène était tirée du deuxième acte de la pièce d’Ödön von Horvàth. On y voyait une scène de dispute entre Figaro (Elsa) et Suzanne (Justine). Suzanne veut un enfant, Figaro n’en veut pas et se réfugie derrière l’excuse de son travail. J’ai trouvé cette présentation très juste, Suzanne était parfaitement crédible lorsqu’elle parlait en serrant les dents et Figaro avait l’air complètement perdu.

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