Pour
ce mardi 3 mai 2016, nous nous sommes lancés avec l’objectif bac.
En effet, avant de commencer à aborder le travail pratique sur
Cendrillon,
nous avons réfléchie sur l’échauffement que nous devions
présenter devant notre jury le jour du bac. Nous avons appris que
vraisemblablement, nous aurions un pré-échauffement non évalué à
faire entre nous et qu’ensuite seulement nous aurions cet
échauffement évalué. Celui-ci doit regrouper trois choses
importantes attendu par les examinateurs : cohésion, énergie
et concentration.
Marie-Pierre
nous a alors rappelée de faire attention à notre posture. Nous ne
devons pas être contractés dans notre corps mais au contraire être
détendu et bien ancré dans le sol. Nous avons ensuite entamé la
lecture d’une première proposition de textes coupés par
Pierre-Mathieu, pour Cendrillon.
Cela nous confronte au travail que réalisent les compagnies de
théâtres professionnels lorsqu’elles veulent mettre en scènes
une pièce déjà écrite. Cela se nomme du « travail à la
table ». Tout le monde a ainsi pu lire au moins une scène de
la pièce pour se familiariser avec le texte.
Puis
Pierre-Mathieu est arrivé et nous avons pu commencer avec lui notre
travail sur Cendrillon
avec la lecture d’un court extrait du « Théâtre en
présence » de Pommerat : « Le théâtre, c’est ma
possibilité à moi de capter le réel et de rendre le réel à un
haut degré d’intensité et de force. Je cherche le réel. Pas la
vérité. On dit que mes pièces sont étranges. Mais je passe mon
temps, moi, à chercher le réel. Le travail avec les acteurs
est à la base de tout. Je fais du travail sur leur présence, l’acte
premier de mon théâtre. La liberté qu’ils ont, c’est d’amener
ce qu’ils sont. Les acteurs avec qui je travaille ne sont pas
interchangeables. C’est en ça que je leur demande de ne pas jouer.
Je fais avec ce qu’ils sont. Je ne leur demande pas de me
montrer qu’ils sont des acteurs. Je leur demande d’oublier un
savoir professionnel et une identité professionnelle, ce qui est
très dur parce que c’est aussi à travers ça qu’ils existent.
Je leur dis que leur identité d’acteur sert aux Assedic et à
l’ANPE, mais que là, sur le plateau, elle ne sert à rien. Je leur
demande d’être les enfants de leurs parents, c’est
tout. C’est beaucoup, mais ça me paraît naturel de
demander ça dans ce contexte de l’art. Je demande à des personnes
de me donner à voir, à entendre, à ressentir ce qu’elles sont
pour en faire de la matière poétique. Un acteur est devenu
professionnel dans ma compagnie parce qu’il recommence, parce qu’il
répète, parce qu’il assume une responsabilité et un engagement
sur la durée. Un acteur n’est pas professionnel par le savoir
qu’il aurait eu au préalable. Acteur, c’est plus qu’une
profession. Il y a quelques bases de savoir universel pour
le théâtre mais il n’y a que des façons singulières de faire du
théâtre et d’appréhender ce que c’est que le théâtre
aujourd’hui. Il ne devrait y avoir que des réponses différentes
et aucune généralité en ce domaine. La définition de ce qu’est
un acteur se fait dans un rapport à l’Histoire. Elle se frotte au
monde d’aujourd’hui et vient faire contrepoids à quelque chose
d’autre. Ce n’est pas un hasard si on demande de plus en plus à
l’acteur aujourd’hui d’être lui-même, d’accepter qu’on
pose le regard sur lui (ce qui n’est pas pareil que l’exhibition),
de se donner à voir, ce n’est pas pour rien qu’on en arrive à
ce désir et à cette nécessité. »
Cela
nous donne une nouvelle vision du jeu que l’on peut mettre en place
sur scène pour Cendrillon.
Ce texte nous axe vraiment sur le réel et sur le jeu très
naturaliste que Pommerat attend de ses acteurs. Ils ne jouent presque
pas car leurs paroles paraissent naturelles. Cela permet aussi au
spectateur de s’immerger plus facilement dans la pièce car il peut
s’identifier plus naturellement aux acteurs. Cela dirige notre
groupe vers une piste de travail différente que celles que nous
avons utilisées pour Figaro
et Les
Bacchantes.
Ici, il faut quasiment faire le vide sur ce que l’on a appris et
être juste en présence sur le plateau.
Après
ces mises aux points, Pierre-Mathieu a directement lancé trois
personnes sur la première scène avec la narratrice, la très jeune
fille et sa mère mourante. L’intervenant nous a alors suggéré
que le ton de la narratrice soit égal à celui d’un présentateur
télé pour donner du rythme à son propos puisqu’il n‘y a pas de
ponctuation à l’intérieur de ses phrases. (En référence à une
autre pièce de Pommerat : Le
petit Chaperon Rouge).
Quant à la mère de la très jeune fille, il faut faire attention à
ce que sa voix soit audible même si elle chuchote. Il y a une
relation à construire entre la très jeune fille et sa mère. Il
faut aussi faire attention à ne pas laisser de temps psychologiques
dans leur dialogue.
Il
faut donc trouver une amorce pour chaque personnage, qu’il faudra
ensuite appuyer pour le construire. (Ex : la fée avec son ton
beauf). Puis, ce fut la deuxième scène avec l’arrivée du père
et de la très jeune fille dans la maison de verre. Pierre-Mathieu a
alors recommandé pour le personnage de la belle-mère, de travailler
sur le contraste entre les mots vulgaires qu’elle prononce et son
apparence chic, avec ses robes qui lui vont comme un gant. Il faut
aussi faire attention à ce que les deux sœurs ne forcent pas sur
leur personnages de jeune fille « pourrie gâté » pour
ne pas devenir fausses.
Ce
fut ensuite au tour de la troisième scène avec la rencontre des
deux familles. Sur celle-ci, Cendrillon, son père et la belle-mère
forment un groupe mais lorsqu’ils rejoignent les deux sœurs, ils
ne doivent pas trop se coller à elles. Sinon, cela fait un groupe
compact d’un côté de la scène et ce n’est pas agréable pour
le spectateur. Il faut aussi bien faire attention à distinguer ce
qui est dit aux autres personnages et sur les mots qui permettent au
personnage qui les dit de se recentrer sur lui-même. Le père ne
doit pas être un personnage totalement mou et inerte, il doit tout
de même défendre un peu sa fille (notamment pour la répartition
des tâches ménagères).
Ce
qui est apparu lorsque l’on travaillait les scènes et qui est très
intéressant, c’est que toutes les personnes qui jouaient
Cendrillon avaient une manière différente de la jouer. Cela
montrait différentes facettes du personnage. Nous avons par exemple
eu une Cendrillon innocente, une autre très affirmé, une lunatique
et désinvolte … La dernière scène que nous avons pu aborder
avant la fin de la séance avec Pierre-Mathieu fut celle entre le
prince et Sandra (cendrillon). Pour celle-ci, nous avons fais deux
essais différents. Ce qui en est ressortie c’est que les deux
personnages doivent se rentrer dedans et se parler face à face, cela
permet de mettre en place un jeu de regard très intéressant pour
les deux acteurs.
La
façon de travailler de Pierre-Mathieu diffère avec celle des autres
intervenants que nous avons l’habitude de voir comme Pierre Ficheux
(par exemple). Il nous permet de travailler un jeu beaucoup plus
intériorisé qui se base sur la méthode Stanislavsky. Cela nous
permet de construire nos personnages sur une base différente qui est
toute aussi intéressante à exploiter. Pour conclure cette séance,
Marie-Pierre nous a demandé de réfléchir sur le personnage que
nous aimerions jouer et de commencer à le construire. La semaine
prochaine, nous nous intéresserons au travail de marionnette
avec l’intervenant Nicolas Charentin.
Douglas
Brosset-cailleux
Séléna Bicho