mardi 16 février 2016

Despedirse (Dossier en spoiler)

Spoiler :
LE BARBIER de SEVILLE



Une mise en scène survitaminée du jeune vénitien Damiano Michieletto. Fantaisie qui en déborde, et où la vie s'engouffre. Mise en scène contemporaine et hauteument bariolée. Le gag semble être au centre de cet opéra comme le démontre la photo, on est au comble de la comédie, du comique dans cette scène de la leçon. Rosina n'est pas ici représentée comme une jeune femme qui s'éveille à l'amour et à la féminité mais comme une gamine à couette, vêtue d'une tenue grunge d'adolescente typique, dans une chambre tapissée de posters. Elle est cachée comme sous la couette avec Almaviva comme deux très très jeunes gens maladroits découvrant leur sexualité. Bartholo, vieil homme bedonnant, est ici à l'image d'un père sur-protecteur, prêt à assommer quiconque s'approcherait de sa protégée d'un coup de marteau : un personnage ridicule et donc hilarant.
Figaro a un aspect roublard, un peu gitan, cheveux longs, veste rose et chemise rouge, on dirait une sorte de John Travolta passé chez Almodovar.
Almaviva est très jeune, sympathique avec ses lunettes et son noeud papillon, on l'associe facilement à la figure du jeune BCBG
La scénographie est propice aux quiproquos et aux intrigues, comme on peut le voir avec Bartholo et Figaro tous deux repartis aux deux extrêmités de la chambre derrière une porte, et avec une lecture tout à fait différente de ce qu'il se passe au sein de la chambre... ce que montre bien leur expression surjouée, proche du grotesque.
Cela grouille de vie de toute part de la scène comme un tourbillon, une frénésie.


Mise en scène de Coline Serreau.
Le Barbier de Séville de Coline Serreau est un enchantement. Il transporte dans l'univers mauresque de Séville. On a l'impression d'être dans les mille et une nuit, avec ces tapisseries et ces arabesques.
Mais surtout on retrouve sur cette image, le côté roublard de Figaro presque l'image d'Iznogood et du calif benet. Toujours là à manigancer.  Cette scène de la barbe s'annonce tres drôle. Quant à Bathollo, loin d'être un vieillard libidineux c'est plutot un barbon sentimental, pas bien méchant, bon vivant, à l'image du pacha.


Mise en scène moderne de Marco Carniti.
Ici lecture à la fois onirique et intemporelle de la pièce. Aspect complètement décalé, voire délirant de la mise en scène. Costumes extravagants, bien que l'on puisse reconnaître dans la tenue de Figaro un semblant d'habit traditionnel andalou, la scène paraît hors du monde, hors du temps. Figaro, n'est pas ici un jeune homme vif et aérien, mais un homme mûr, bedonnant, qui semble expert dans la maîtrise du rasoir. Caractère très assuré du personnage, ici imposant, dans l'action, tandis que son comparse admire son art dont le client se délecte. Il apparaît ici comme l'"homme de la situation".



MIse en scène fantasque de de Jean François Sivadier.
Elle ressemble à une comédie musicale. Le seul message ici semble être une injonction à la joie, entre Feydeau et les Marx Broters (=Les Marx Brothers, ou Frères Marx, sont des comédiens américains originaires de New York qui ont fait carrière au cinéma, mais aussi à la télévision et sur scène, notamment à Broadway, jusque dans les années 1950. Les liens fraternels que suppose le nom collectif des Marx Brothers ne sont pas une fantaisie, puisqu'ils formaient dans la vie une famille de cinq frères : Groucho, Harpo, Chico, Gummo et Zeppo. Au fil du temps, les apparitions de la fratrie se réduisent à quatre puis trois membres, les deux derniers ayant fait le choix de poursuivre leur carrière de leur côté. Gummo ne figure donc dans aucun long-métrage, bien qu'il ait été présent au début de la période théâtrale des Marx Brothers, et Zeppo, qui le remplace après son départ, apparaît seulement dans leurs cinq premiers films. Les genres cinématographiques de prédilection des frères Marx se situent dans la veine comique : chez eux, tant dans les situations que dans les dialogues, la comédie exploite un humour de l'absurde, parfois teinté de burlesque, notamment par le jeu muet de Harpo. La présence d'un tel personnage au sein des Marx Brothers rappelle que le début de la carrière de ces derniers coïncide avec un tournant de l'histoire du cinéma : l'arrivée du parlant.), entre Chaplin et Fred Astaire (Frederick Austerlitz, dit Fred Astaire, est un acteur, danseur, chanteur, et compositeur américain, né le 10 mai 1899 à Omaha (Nebraska) et mort le 22 juin 1987 à Los Angeles en Californie. Il a obtenu un Oscar d'honneur pour son talent artistique unique et pour sa contribution à l'association de l'image et de la musique, et a son étoile sur le Walk of Fame d'Hollywood.). On y trouve l'idée d'un numéro de cirque ou de cabaret, opéra loufoque, en apesanteur, tourbillon de joie où les chanteurs semblent incarner la bêtise magnifique d'une bande de clowns poétiques. On est au comble du ridicule, de la comédie.
Sur l'image la folie est contagieuse et contamine tout le monde dans une joyeuse hystérie collective, et ici jusqu'à la transe hallucinée.
Costumes contemporains, tout en couleurs,  bigarrés, style grunge/pop.
Personnage de figaro, en blouson de cuir, les cheveux en bataille comme un anarchiste. Au centre, entouré du reste des personnages, qui le ceinturent comme s'il était une bouée de secours. Le grotesque se dégage de cette situation aberrante.
Le Comte et Figaro ont le même âge, deux jeunes hommes charmants (=rapprochement entre personnage, le comte est ici plus sympatique que dans le mariage où son personnage s'apparente plus à Bartholo) mais déjà opposition au niveau du costume car si le comte est habillé comme un officier, Figaro ressemble plus à un rockeur déluré.
Bartholo= personnage le moins contemporain pour donner l'image du vieux barbon libidineux.
Rosina= fluette, enfantine, coquette, loin de cette image de la comtesse, femme digne et désespérée.
Bazile= idiot, simplet.
Berta= bonne anglaise, bien en chair, du physique émane déjà le comique comme pour Bazile.
Rien qu'à voir l'image on trépigne d'impatience, entre la retenue et l'éclat, entre le suspense et l'urgence, l'apnée et la tempête. Ce qui crée irrésistiblement l'excitation ! Cette image est celle qu'on a choisie pour notre mise en scène. Pour alléger avec le Mariage et Figaro divorce où les enjeux sont placés bien plus haut. On frise le dramatique voire parfois le tragique. Dans le Barbier, il n'y a pas de fond politique. La profondeur est dans le vertige, dans la puissance du délire ( ce délire qui est exacerbé sur l'image, aux allures de comédie musicale où une magie haute en couleur nous électrise). Dans le Barbier la règle du jeu se résume à "plus c'est énorme, mieux ça passe et pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué". Le grotesque et la comédie sont ici à leur apogée, on pourrait croire que l'on s'apprête à danser sur la musique de Rossini comme sur le dernier tube des Black eyed peas. Le choix nous a semblé judicieux.


samedi 6 février 2016

Conseils de méthode pour l'écrit



Quelques conseils pour un sujet de type II : les représentations scéniques d'un personnage
 
 
I)  En amont
- les pièces et les opéras sont connus (résumés, airs célèbres du personnage en question),
- les livres ont été manipulés et l'élève sait s'y retrouver (se servir des préfaces, liste des personnages, éléments sur les caractères et l’habillement…).
 
II)  Connaissances à mobiliser
- ce que les pièces disent du personnage : au travers des didascalies externes, didascalies internes, répliques des autres personnages, paroles du personnage : statut, fonctions,
- l’origine du personnage : d'où « vient » le personnage ? Est-il une « création » de l'auteur ? Est-ce un personnage qui existe antérieurement à la pièce ?
- l’évolution du personnage dans les différentes œuvres,
- ce personnage est -il une singularité ou un type : certains personnages de théâtre sont des types (Commedia dell'Arte, emplois ou caractères de la comédie classique...) et, à ce titre, transportent avec eux des particularités (costumes, masque, maquillage, code de jeu) qu'on peut reprendre à son compte ou dont on peut "jouer". 
 
III)  Précautions
- ne pas aller trop vite aux conclusions et surtout se méfier des analyses trop psychologiques : une image photographique saisit le comédien et le personnage qu'il interprète à un instant « t » et fige son jeu. Gare aux déduction sur l'humeur, les sentiments, le caractère, tout ce qui renvoie à l'intériorité...
- situer l'image : les légendes sous l'image peuvent aider, sinon, avec précaution, il faut essayer de retrouver à quel moment de la pièce l'image fait référence et se servir de ce que l'on sait de la situation,
- identifier les autres personnages : si le personnage est en compagnie d'autres personnages, la légende peut être explicite, sinon, une fois encore, il faut essayer d’identifier ces personnages avec toute la prudence du monde.
 
IV) Analyse : partir de ce qu'on voit
- le choix du comédien pour le rôle : y-a-t-il dans l'aspect non modifié des éléments intéressants (âge, corpulence, taille, détail physique....) ?
- le corps a-t-il été « modifié » ? masque, maquillage, postiche, perruque...
- comment le corps a-t-il été costumé ? Décrire le costume. Permet-il d'en déduire lieu et époque de l'action ? Le code du costume est-il un code réaliste, symbolique ? Sur l'image, le costume participe-t-il du jeu et du sens ?
- les postures, les poses, les attitudes
- le personnage et son environnement :
a) avec les autres personnages s’il y en a : quels rapports a-t-il avec eux ou semble-t-il avoir? (Ne pas oublier de se référer au texte.)
b) avec l'espace : sur l'image, l'espace tel qu'il est organisé entre les personnages est-il intéressant ?
c) avec la scénographie : en quoi le personnage, à ce moment, est-il dans un rapport intéressant avec la scénographie ?
 
V)  Formulation des  partis-pris
- être prudent et toujours contextualiser ce parti-pris (oui, pour cette scène..) si on se sent des « ailes » alors prudemment on peut peut-être faire des hypothèses pour toute la pièce. Si on a eu le bonheur de voir la mise en scène ou de la connaître, ne pas hésiter à s'appuyer sur cette connaissance-là.
 
VI)  Choix d’une des propositions
- on peut n'en apprécier aucune : il faut alors s'expliquer et se lancer néanmoins dans la description de son propre choix.
- justifier son choix : surtout dire pourquoi (en évitant les répétitions), s'appuyer sur les textes dont on montre qu'on les connaît, s'appuyer sur ce qu'on fait sur le plateau, sur ce qu'on a vu faire...