Figaro
Divorce de
Ödön von Horvàth
Résumé
Figaro
Divorce
a été achevé en 1936 par Ödön von Horvàth et joué en 1937
(dans une version incomplète) bien que ce Hongrois ait réfléchi à
ce projet de basculer l’œuvre de Beaumarchais dans la modernité
dès 1933. Cette comédie réaliste est divisée en trois actes. Le
premier possède quatre tableaux et est centré sur la cohabitation
entre le Comte et la Comtesse Almaviva, Figaro et Suzanne. Le
deuxième acte, de quatre tableaux, présente neuf mois plus tard le
quotidien du Comte et de la Comtesse d’une part, de Figaro et de
Suzanne de l’autre. Enfin, six mois plus tard, on retrouve dans le
troisième acte nos protagonistes et voyons ce qu’il est advenu et
advient d’eux.
La
pièce se déroule dans une période contemporaine certes, mais
impossible à définir précisément. Nous savons qu’il y a une
Révolution mais ignorons laquelle, elle est atemporelle : «
tout bouleversement par la force trouve un dénominateur commun dans
ce que nous respectons ou méprisons dans notre relation à la notion
d’humanité » nous précise le dramaturge.
Le
Comte et la Comtesse fuient le pays, par loyauté Suzanne et Figaro
les suivent. Ils se font arrêter au poste de douane à la frontière
entre les deux territoires ; une discussion entre les douaniers
permet d’en apprendre un peu plus sur la violence de la révolution.
Pour
subvenir à ses besoins, le Comte vend un collier de sa femme au
sixième du prix qu’il espérait, mais au lieu d’économiser
l’argent il installe son petit groupe dans une luxueuse station de
sports d’hiver. Son inadaptation à la réalité économique et
politique est flagrante : il dit prévoir la fin de la
révolution mais elle ne s’arrête pas. « Il y a trois mois, il a
dit : dans deux mois tout sera terminé. Chou blanc ! » se plaint
son valet dans le tableau 4 de l’acte I.
Figaro
déclare vouloir s’émanciper de sa situation de dépendance, mais
en vérité il a peur de se retrouver sans le sou. Il en parle à
Suzanne alors que la Comtesse est à la patinoire et le Comte en
train de jouer au casino. Suzanne désapprouve totalement son idée
d’acheter un salon de coiffure d’excellente réputation dans le
village perdu de Grand-Bisbille. « Tu es fou ? » lui
demande-t-elle, mais par amour pour lui et bien que cela lui déchire
le cœur, elle le suit.
Dans
l’acte II, les disputes sont fréquentes entre Suzanne et Figaro :
il lui reproche de ne pas faire assez de manières avec les clients,
elle lui reproche de ne pas tenir sa promesse de lui faire un enfant.
Une habituée du salon, sage-femme, lui conseille de faire croire à
son mari qu’elle est enceinte, ce qu’elle fait. Figaro l’apprend
comme une catastrophe, elle le vit horriblement mal.
Un
client garde-forestier lui fait des avances, elle le repousse.
Insistant, il lui donne rendez-vous au cinéma. Plus par saturation
de son mari que par attirance pour cet homme, elle finit par y aller.
Des rumeurs jasent dans le village à propos de la fidélité de
Suzanne. Au bal du Nouvel-An, elles parviennent aux oreilles de
Figaro mais il refuse d’y croire. Suzanne achève l’acte II en
les lui confirmant avec « Tu es cocu, Figaro ».
Dans
le même acte, du côté des Almaviva, ils vivent dans une précarité
qu’ils n’avaient jusqu’alors pas même envisagée. Rosine
correspond par lettres avec Suzanne, mais le Comte lui défend de lui
parler de leur misère. Il fait passer l’honneur avant tout.
Dans
l’acte III, nous rejoignons Suzanne, devenue serveuse dans un bar
au service de Chérubin. Elle souhaite renouveler son droit de
travail à la Ligue internationale d’aide aux émigrés. Le Comte
sort de prison pour fraudes immobilières, il a perdu sa femme de
maladie. Antonio et Pédrille, que nous n’avions pas revus depuis
Beaumarchais, dirigent le château du Comte et en ont fait un
orphelinat. Antonio est nostalgique du temps où les Almaviva étaient
leurs maîtres, Pédrille est en totale opposition et affirme être
mieux sans eux : un révolutionnaire convaincu.
Figaro
arrive et les surprend. Par son éloquence il obtient d’être
l’intendant des lieux et fait un discours théâtral aux enfants
sur sa joie d’être avec eux. Suzanne revient avec le Comte sans
prévenir. Celui-ci se fait arrêter à cause de son statut de noble,
mais Figaro le fait libérer.
Ödön
von Horvàth nous propose deux fins : l’une, romantique et
splendide, où Figaro se réconcilie avec Suzanne et le Comte,
l’autre, réaliste et poignante, où Figaro a définitivement perdu
sa femme et son « ami ». Dans cette fin, un petit
orphelin vif d’esprit semble marcher dans les pas du Figaro de
Beaumarchais, ce retour aux origines nous a plus touchées que le
« happy end ».
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