mardi 5 janvier 2016

Biographie de Horvath







Ödön von Horváth
auteur (1901 - 1938)
1901 : Edmond (Ödön) Josef von Horváth naît le 9 décembre à Fiume (aujourd’hui Rijeka, en Croatie). Son père, Edmund Josef von Horváth, est attaché au consulat impérial et royal d’Autriche-Hongrie ; sa mère, Marie-Hermine, née Prehnal, est issue d’une famille de médecins militaires.
1902 : la famille déménage à Belgrade.
1903 : Le 6 juillet naît le deuxième enfant des Horváth, Lajos.
1908 : la famille déménage à Budapest. Premiers cours d’Ödön, en langue hongroise, avec un précepteur.
1909 : le docteur von Horváth est muté à Munich. Ödön reste à Budapest où il est inscrit à l’internat de l’archevêché. Education religieuse très poussée.
1913-1914 : Ödön rejoint sa famille à Munich, et change de langue d’enseignement. Ses mauvaises notes et un sérieux conflit avec un professeur de religion le contraignent à changer de lycée, puis à redoubler.
1914 : Le père de Horváth est appelé sous les drapeaux, puis démobilisé en 1915. Plus tard, Ödön dira : « Je me souviens de l’époque d’avant 1914 comme d’un livre d’images ennuyeux... Ma vie commence avec la déclaration de guerre. »
1916 : Ödön von Horváth est envoyé par ses parents au lycée allemand de Presbourg (aujourd’hui Bratislava en Slovaquie), le seul où l’on veuille encore de lui, tant ses résultats scolaires sont mauvais et son comportement rebelle. Premières tentatives d’écriture.
1918 : en janvier, le docteur von Horváth est à nouveau nommé à Budapest. Ödön rejoint sa famille et se lie avec un cercle de jeunes gens qui se passionne pour les œuvres nationalistes et révolutionnaires d’Endre Ady.
La famille von Horváth se réfugie un temps à Vienne, puis en Bavière. Ödön von Horváth passe son baccalauréat dans un lycée privé viennois.
Octobre : Ödön von Horváth s’inscrit à l’université de Munich. Jusqu’en février 1922, il suivra des cours de littérature allemande, d’esthétique, d’études théâtrales, de psychologie, de sociologie et de métaphysique.
1920 : Ödön von Horváth rencontre le compositeur Siegfried Kallenberg qui lui commande la pantomime Le Livre des danses, que Horváth désavouera plus tard. Horváth songe à une carrière d’écrivain, tout en sachant qu’il ne ferait jamais aucune concession. Ses parents s’installent dans la petite ville touristique de Murnau, au bord du lac du Staffelsee, en Bavière, où ils feront construire dès1924 une confortable résidence. Elle sera un point d’ancrage pour Ödön et son frès Lajos jusqu’en 1933.
1922 : Le Livre des danses paraît à Munich, avant d’être créé sous forme d’oratorio.
1923 : Ödön von Horváth quitte Munich et s’installe à Murnau. Intense activité d’écriture, dont il reste un fragment, Dosa, la pièce Meurtre dans la rue des Maures, des esquisses de nouvelles et les Contes sportifs, qui paraissent dès 1924 dans divers revues et journaux.
Automne : Ödön et son frère Lajos passent plusieurs semaines à Paris. Au retour, l’écrivain décide qu’il s’installera à Berlin.
À Berlin, Ödön von Horváth fait la connaissance, au fil des années, du comédien Gustaf Gründgens, de Walter Mehring, du metteur en scène Francesco von Mendelssohn (créateur le Nuit italienne et de Casimir et Caroline), et de Ernst Joseph Aufricht (producteur de L’Opéra de quat’sous de Brecht et des deux pièces précitées).
1926 : création du Livre des danses à Osnabrück. Rédaction probable de Révolte à la cote 3018, qui deviendra Le Funiculaire, et de la comédie Le Belvédère, inspirée par la pension Seeblick à Murnau.
1927 : Horváth, inscrit à la Ligue des droits de l’homme, étudie un dossier qui servira, l’année suivante, de base à la pièce Sladek, soldat de l’Armée noire.
Novembre : création de Révolte à la cote 3018 à Hambourg.
1928 : à partir d’un fragment, Une jeune fille à vendre, rédaction de la farce Autour du Congrès, fruit d’une étude sur la traite des Blanches à la Ligue des droits de l’homme. Le roman Trente-six heures devient la base de L’Éternel Petit-Bourgeois.
1929 : Le Funiculaire est créé à la Volksbühne de Berlin. Horváth signe un contrat avec l’éditeur Ullstein pour l’ensemble de sa production littéraire, et touche 300 marks par mois, puis 500 à partir de 1931.
Septembre : il visite l’exposition universelle de Barcelone. Les textes inspirés par ce voyage serviront de base à son roman L’Éternel Petit-Bourgeois.
13 octobre : Sladek, soldat de l’Armée noire est créé à Berlin ; la presse nationale-socialiste se déchaîne contre Horváth.
1930 : Horváth termine la rédaction de L’Éternel Petit-Bourgeois. Il devient membre de l’Union des écrivains allemands. Les événements politiques lui inspirent la rédaction de Nuit italienne.
12 septembre : Horváth quitte l’église catholique.
14 septembre : Mars : création de Nuit italienne, pièce populaire, à Berlin, puis à Vienne en juillet dans une version dépolitisée. Rédaction de Légendes de la forêt viennoise, pièce populaire, qui triomphe lors de sa création au Deutsches Theater de Berlin le 2 novembre. Juillet-octobre : à deux reprises, Horváth est cité comme témoin lors d’un procès impliquant des nationaux-socialistes. Octobre : Horváth est lauréat du prix Kleist, la plus haute distinction dans le domaine de l’écriture théâtrale de l’époque. Vives protestations de la presse d’extrême droite.
Il termine aussi la rédaction de Casimir et Caroline, pièce populaire.
1932 : Février : Horváth rencontre le journaliste judiciaire Lukas Kristl qui lui inspire le sujet de la pièce La Foi, l’amour, l’espérance. Lectures publiques à Munich et long entretien pour la radio bavaroise. Succès grandissant.
Novembre : Horváth se sépare à l’amiable de son éditeur Ullstein. Il négocie avec l’éditeur Gustav Kiepenheuer. Création de Casimir et Caroline à Leipzig. Horváth rédige un Mode d’emploi pour la mise en scène de ses pièces. À l’initiative de Max Reinhardt, directeur du Deustches Theater, il commence à rédiger un projet de revue : Magasin du bonheur.
Février : le Deutsches Theater est contraint de renoncer à la création de La Foi, l’amour, l’espérance. D’autres théâtres annuleront progressivement leurs projets autour des pièces de Horváth.
Horváth quitte l’Allemagne pour Salzbourg puis Vienne.
27 décembre : Horváth épouse l’actrice Maria Elsner, d’origine juive, essentiellement pour lui permettre d’avoir un passeport hongrois. Il divorce l’année suivante.
1934 : à Vienne, Horváth intente un procès au journal fasciste 12-Uhr-Blatt pour diffamation
Divers projets de création de pièces de Horváth à Vienne sont abandonnés.
Horváth retourne à Berlin où il écrit divers scénarios, qu’il reniera très rapidement. Juillet : Horváth adhère à l’Union des écrivains du Reich allemand.
13 décembre : Allers et retours est créé à Zurich. Horváth envisage de s’installer en Suisse mais retourne à Berlin. Il fréquente l’actrice Wera Liessem.
1935 : Horváth rédige plusieurs esquisses autour du thème de la fuite hors du présent. Il traverse une période de doute et de dépression. En septembre, il retourne à Vienne où il envisage la rédaction d’un roman épistolaire avec son frère Lajos. Répondant à une commande, il écrit Coup de tête, qui est créé le 10 décembre.
1936 : Coup sur coup, Horváth reprend d’anciens projets et termine la rédaction de Figaro divorce, Don Juan revient de guerre ainsi que du Jugement dernier.
Lorsqu’en juillet il rend visite à ses parents en Bavière, on lui signifie qu’il doit quitter le sol allemand dans les 24 heures. 13 novembre : création à Vienne de La Foi, l’amour, l’espérance.
1937 : 27 février : Horváth est exclu de l’Union des écrivains allemands. Installé près de Salzbourg, il rédige des comédies historiques, Un village sans hommes et Un bal d’esclaves, qui deviendra Pompéi dans une seconde version. 2 avril : création de Figaro divorce, amputé de ses passages sur l’exil, au Neue Deutsches Theater de Prague.
Horváth écrit son roman Jeunesse sans Dieu, qui paraît en automne chez Allert de Lange, l’éditeur des Allemands en exil, à Amsterdam. Gros succès, qui pousse Horváth à écrire, dans la foulée, son dernier roman, Un fils de notre temps (publié par de Lange également).
5 décembre : création, dans une version adaptée, de Vers les deux, une pièce féerique, à Vienne.
11 décembre : création du Jugement dernier au Deutsches Theater de Moravie-Ostrau.
1938 : Horváth est accablé par des soucis d’argent, et souffre d’une insatisfaction générale vis-à-vis de son œuvre. Il se propose d’écrire une « comédie humaine » comprenant notamment sa dernière pièce, Pompéi. Il rédige plusieurs variantes des premières pages d’un récit Adieu l’Europe !
10 janvier : la Gestapo met Jeunesse sans Dieu à l’index. Le livre est saisi en Allemagne.
16 mars : Horváth fuit l’Autriche et s’installe chez des amis, les Hatvanys, à Budapest. Il rend une visite de trois semaines à son amie Lydia Busch à Teplitz Schönau, dans les Sudètes.
En mai, il se rend à Zurich en passant par Budapest, la Yougoslavie, Trieste, Venise et Milan. Il poursuit son voyage vers Amsterdam, chez son éditeur de Lange, en passant par Bruxelles. À Amsterdam, une cartomancienne lui prédit qu’un événement décisif se produira bientôt dans sa vie, à Paris.
28 mai : Horváth arrive à Paris, où il doit rencontrer son traducteur français Armand Pierhal, mais surtout le réalisateur américain Robert Siodmak, qui envisage l’adaptation cinématographique de son roman Jeunesse sans Dieu. Il descend à l’hôtel de l’Univers, rue Monsieur-le-Prince. Le 31, il passe une soirée avec des amis exilés, dont la fidèle Hertha Pauli, et Walter Mehring.
1er juin : rencontre avec Siodmak. Horváth envisage d’émigrer aux États-Unis, en repassant par Zurich. Le soir, alors qu’il sort d’une diffusion de Blanche Neige et les sept nains de Walt Disney au Théâtre Marigny, sur les Champs-Élysées, une tempête casse la branche maîtresse d’un platane qui s’abat sur lui et le tue. Le 7 juin, Horváth est inhumé au cimetière de Saint-Ouen. Ses restes mortels sont transférés à Vienne en 1988.
Laurent Muhleisen

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