mardi 5 janvier 2016

Compte-rendu du 8 novembre

Compte-rendu du mardi 8 novembre

Tandis que l'immaculée conception était fêtée dans les plus pieuses des familles, nous restions modestement aux côtés d'Emmanuel pour en choisir le costume, ainsi que ceux des autres personnages de la pièce. Ceci fait, nous commençâmes la séance de théâtre par une réflexion autour de la Révolution.
Immédiatement l'on vit une foule se pressant et coudoyant pour clamer ses idées ; la belle image que c'était ! Déjà on s'y croyait, et pour remettre un peu d'ordre Suzanne proposa d'abolir les individualités pour le temps de la scène. Des guenilles pour uniformes devaient faire de nous la masse dégingandée qui aurait balayé la dernière scène de Beaumarchais pour plonger dans Horvath ; ni drapeaux, ni allégeance à quelconque idéologie n'aurait été affichée pour que l'effet reste purement dramatique. L'idée d'Olga fut alors de préférer à une vague une série de tableaux « flash » rapidement enchaînés grâce aux jeux de lumières d'un stroboscope.
« La révolution », dit Kerene, « est en tout et peut passer par les tremblements de la terre ». Son idée était que notre arrivée soit annoncée par le seul battement de nos pieds, qui aurait fait monter l'angoisse des personnages déjà sur scène. Ni cris ni discours enflammés ne devaient nous accompagner, mais d'autres sons tels que celui d'une soufflerie ou le crissement d'un violon furent proposés pour marquer cette transition de l'ancien régime à la République.
Nous n'eûmes néanmoins guère de temps pour expérimenter nos idées, et Diana n'avait guidé le peuple qu'un instant lorsqu'un intervenant (Pierre-Matthieu un des metteurs en scène de la compagnie La Cabine Leslie), vint nous proposer le calme le plus opposé à la révolution passée. « Un personnage est un pantin à peindre », nous dit-il en nous faisant nous asseoir un à un sur une chaise où nous devions, le plus naturellement du monde, rester neutre en rencontrant les regards de tous nos camarades ; autant dire que nous fûmes nombreux à lâcher un rire ou un sourire ! La portée de cet exercice était pourtant de nous rapprocher des bases du travail de l'« acteur studio » de Stanislavski, qui à partir d'un corps aussi neutre que possible, cherche à devenir intérieurement son personnage plutôt que de le construire par la réflexion.
Suite à cela, le metteur en scène nous donna quelques conseils de jeu ; c'est ainsi que notre chère Diana, qu'un élan de cabri entraînait aux antipodes de la scène, dut pour son rôle de Figaro, se fixer une trajectoire pour son bondissant personnage. « Garde ton visage, mais contrôle ton corps », lui conseilla-t-il ainsi qu'à nous tous. Douglas fut quant à lui invité à devenir une image moderne du comte, « un jeune cadre dynamique, puant, malsain et sûr de lui ».

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