samedi 7 mai 2016

Compte-rendu du mardi 3 mai

Pour ce mardi 3 mai 2016, nous nous sommes lancés avec l’objectif bac. En effet, avant de commencer à aborder le travail pratique sur Cendrillon, nous avons réfléchie sur l’échauffement que nous devions présenter devant notre jury le jour du bac. Nous avons appris que vraisemblablement, nous aurions un pré-échauffement non évalué à faire entre nous et qu’ensuite seulement nous aurions cet échauffement évalué. Celui-ci doit regrouper trois choses importantes attendu par les examinateurs : cohésion, énergie et concentration.
Marie-Pierre nous a alors rappelée de faire attention à notre posture. Nous ne devons pas être contractés dans notre corps mais au contraire être détendu et bien ancré dans le sol. Nous avons ensuite entamé la lecture d’une première proposition de textes coupés par Pierre-Mathieu, pour Cendrillon. Cela nous confronte au travail que réalisent les compagnies de théâtres professionnels lorsqu’elles veulent mettre en scènes une pièce déjà écrite. Cela se nomme du « travail à la table ». Tout le monde a ainsi pu lire au moins une scène de la pièce pour se familiariser avec le texte.
Puis Pierre-Mathieu est arrivé et nous avons pu commencer avec lui notre travail sur Cendrillon avec la lecture d’un court extrait du « Théâtre en présence » de Pommerat : « Le théâtre, c’est ma possibilité à moi de capter le réel et de rendre le réel à un haut degré d’intensité et de force. Je cherche le réel. Pas la vérité. On dit que mes pièces sont étranges. Mais je passe mon temps, moi, à chercher le réel. Le travail avec les acteurs est à la base de tout. Je fais du travail sur leur présence, l’acte premier de mon théâtre. La liberté qu’ils ont, c’est d’amener ce qu’ils sont. Les acteurs avec qui je travaille ne sont pas interchangeables. C’est en ça que je leur demande de ne pas jouer. Je fais avec ce qu’ils sont. Je ne leur demande pas de me montrer qu’ils sont des acteurs. Je leur demande d’oublier un savoir professionnel et une identité professionnelle, ce qui est très dur parce que c’est aussi à travers ça qu’ils existent. Je leur dis que leur identité d’acteur sert aux Assedic et à l’ANPE, mais que là, sur le plateau, elle ne sert à rien. Je leur demande d’être les enfants de leurs parents, c’est tout. C’est beaucoup, mais ça me paraît naturel de demander ça dans ce contexte de l’art. Je demande à des personnes de me donner à voir, à entendre, à ressentir ce qu’elles sont pour en faire de la matière poétique. Un acteur est devenu professionnel dans ma compagnie parce qu’il recommence, parce qu’il répète, parce qu’il assume une responsabilité et un engagement sur la durée. Un acteur n’est pas professionnel par le savoir qu’il aurait eu au préalable. Acteur, c’est plus qu’une profession. Il y a quelques bases de savoir universel pour le théâtre mais il n’y a que des façons singulières de faire du théâtre et d’appréhender ce que c’est que le théâtre aujourd’hui. Il ne devrait y avoir que des réponses différentes et aucune généralité en ce domaine. La définition de ce qu’est un acteur se fait dans un rapport à l’Histoire. Elle se frotte au monde d’aujourd’hui et vient faire contrepoids à quelque chose d’autre. Ce n’est pas un hasard si on demande de plus en plus à l’acteur aujourd’hui d’être lui-même, d’accepter qu’on pose le regard sur lui (ce qui n’est pas pareil que l’exhibition), de se donner à voir, ce n’est pas pour rien qu’on en arrive à ce désir et à cette nécessité. »
Cela nous donne une nouvelle vision du jeu que l’on peut mettre en place sur scène pour Cendrillon. Ce texte nous axe vraiment sur le réel et sur le jeu très naturaliste que Pommerat attend de ses acteurs. Ils ne jouent presque pas car leurs paroles paraissent naturelles. Cela permet aussi au spectateur de s’immerger plus facilement dans la pièce car il peut s’identifier plus naturellement aux acteurs. Cela dirige notre groupe vers une piste de travail différente que celles que nous avons utilisées pour Figaro et Les Bacchantes. Ici, il faut quasiment faire le vide sur ce que l’on a appris et être juste en présence sur le plateau.
Après ces mises aux points, Pierre-Mathieu a directement lancé trois personnes sur la première scène avec la narratrice, la très jeune fille et sa mère mourante. L’intervenant nous a alors suggéré que le ton de la narratrice soit égal à celui d’un présentateur télé pour donner du rythme à son propos puisqu’il n‘y a pas de ponctuation à l’intérieur de ses phrases. (En référence à une autre pièce de Pommerat : Le petit Chaperon Rouge). Quant à la mère de la très jeune fille, il faut faire attention à ce que sa voix soit audible même si elle chuchote. Il y a une relation à construire entre la très jeune fille et sa mère. Il faut aussi faire attention à ne pas laisser de temps psychologiques dans leur dialogue.
Il faut donc trouver une amorce pour chaque personnage, qu’il faudra ensuite appuyer pour le construire. (Ex : la fée avec son ton beauf). Puis, ce fut la deuxième scène avec l’arrivée du père et de la très jeune fille dans la maison de verre. Pierre-Mathieu a alors recommandé pour le personnage de la belle-mère, de travailler sur le contraste entre les mots vulgaires qu’elle prononce et son apparence chic, avec ses robes qui lui vont comme un gant. Il faut aussi faire attention à ce que les deux sœurs ne forcent pas sur leur personnages de jeune fille « pourrie gâté » pour ne pas devenir fausses.
Ce fut ensuite au tour de la troisième scène avec la rencontre des deux familles. Sur celle-ci, Cendrillon, son père et la belle-mère forment un groupe mais lorsqu’ils rejoignent les deux sœurs, ils ne doivent pas trop se coller à elles. Sinon, cela fait un groupe compact d’un côté de la scène et ce n’est pas agréable pour le spectateur. Il faut aussi bien faire attention à distinguer ce qui est dit aux autres personnages et sur les mots qui permettent au personnage qui les dit de se recentrer sur lui-même. Le père ne doit pas être un personnage totalement mou et inerte, il doit tout de même défendre un peu sa fille (notamment pour la répartition des tâches ménagères).
Ce qui est apparu lorsque l’on travaillait les scènes et qui est très intéressant, c’est que toutes les personnes qui jouaient Cendrillon avaient une manière différente de la jouer. Cela montrait différentes facettes du personnage. Nous avons par exemple eu une Cendrillon innocente, une autre très affirmé, une lunatique et désinvolte … La dernière scène que nous avons pu aborder avant la fin de la séance avec Pierre-Mathieu fut celle entre le prince et Sandra (cendrillon). Pour celle-ci, nous avons fais deux essais différents. Ce qui en est ressortie c’est que les deux personnages doivent se rentrer dedans et se parler face à face, cela permet de mettre en place un jeu de regard très intéressant pour les deux acteurs.
La façon de travailler de Pierre-Mathieu diffère avec celle des autres intervenants que nous avons l’habitude de voir comme Pierre Ficheux (par exemple). Il nous permet de travailler un jeu beaucoup plus intériorisé qui se base sur la méthode Stanislavsky. Cela nous permet de construire nos personnages sur une base différente qui est toute aussi intéressante à exploiter. Pour conclure cette séance, Marie-Pierre nous a demandé de réfléchir sur le personnage que nous aimerions jouer et de commencer à le construire. La semaine prochaine, nous nous intéresserons au travail de marionnette avec l’intervenant Nicolas Charentin.
Douglas Brosset-cailleux
Séléna Bicho

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